CAISSES - Malgré les 3,9% de hausse annoncés par Helsana, les assurés ne devraient pas trop souffrir.
PATRICE FAVRE
Mauvaise surprise, ce lundi, lorsque Helsana, le premier assureur de Suisse, dévoilait son jeu pour 2009: une hausse des primes de 3,9% dans l'assurance obligatoire. C'est beaucoup plus que les prévisions du site comparis. ch, qui tablait sur une moyenne de 2,2%. Le Groupe Mutuel, un autre acteur important de la branche, n'ayant pas encore communiqué ses décisions (il le fera la semaine prochaine), faut-il craindre un automne douloureux?
«Avec les données d'Helsana, nous avons corrigé notre estimation à 2,6%, et cela ne devrait plus changer », répond Richard Eisler, le patron de comparis. Le Groupe Mutuel a en effet des réserves importantes, qui lui permettront d'amortir la hausse des coûts, ce qui n'est plus le cas d'Helsana. Les «réserves»: ce mot magique exprime, en pour cent des primes encaissées, le capital dont dispose une caisse. Plus il est élevé, et plus celle-ci peut supporter une perte d'exercice.
Suite à la décision de Pascal Couchepin, qui ne pouvait accepter que les caisses gonflent leur bas de laine alors que les assurés souffrent, le taux minimal a été baissé à 10% pour les caisses avec plus de 150 000 assurés (15% pour les autres). Disposant fin 2007 de 13%, Helsana n'a plus beaucoup de marge de manoeuvre. Selon différents observateurs du marché, en effet, la hausse des coûts de la santé atteindra ou dépassera les 4% cette année, et plus encore l'an prochain. D'autre part, la crise boursière ne permet pas d'espérer des gains annexes: Helsana avait gagné 220 millions sur le marché des capitaux en 2007, une performance qui ne se réalisera pas cette année.
A l'inverse, le Groupe Mutuel (avec 24,6% de réserve, en hausse par rapport à l'année précédente) dispose encore d'un confortable matelas. C'est aussi le cas d'Assura, qui fait campagne en annonçant un gel total des primes, pour la deuxième année consécutive.
Ces effets d'annonce doivent être cependant pondérés selon chaque canton, les coûts de la santé variant en effet fortement selon le domicile de l'assuré. Or, on sait désormais que dans les cantons de Genève et Vaud, les caisses ont des réserves très supérieures à la moyenne suisse. C'est aussi le cas pour Zurich, et dans une moindre mesure, pour Fribourg. Ces données plaident donc pour une hausse modérée des primes dans ces cantons, comme ce fut déjà le cas cette année.
Par contre, l'annonce d'Helsana va pousser encore plus d'assurés vers d'autres caisses: dans l'assurance de base, Helsana a perdu cent mille assurés en deux ans, tombant à 733000 clients au 1er janvier de cette année. Un recul qui touche aussi Progrès, une filiale d'Helsana, mais qui est en partie compensé par la progression d'autres sociétés-filles, telles que Sansan, Avanex ou Aerosana. «Au final, les gens ne regardent pas les pour cent d'augmentation, mais le fait que leur prime est, ou n'est pas, dans la moyenne. Or, c'est le cas pour de nombreux assurés dans nos filiales», dit Thomas Lüthi, porte-parole du groupe. Des hausses, il y en aura donc l'an prochain, mais pas de traumatisme majeur pour l'assuré de base.
Source : La Liberté, août 2008
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