Une pandémie de grippe va certainement déferler sur le monde. La question est de savoir quand et si la Suisse y est préparée. Quelles seront les incidences d’une pandémie sur notre économie ? Quelle est la stratégie de la Confédération en cas de pandémie ? Dans quelle mesure le secteur de l’assurance sera-t-il touché ? Des représentants de l’économie, de la science et de l’administration fédérale ont abordé cette question aujourd’hui à Berne.
Avec l’apparition de la grippe aviaire, provoquée par le virus H5N1, le danger d’une pandémie est à nouveau plus menaçant. Le secteur de l’assurance privée suit très attentivement la situation, car l’éventualité d’une pandémie représente un risque d’une extrême complexité. C’est pourquoi l’Association Suisse d’Assurances ASA a organisé aujourd’hui, dans le cadre d’une journée nationale, une plate-forme pour examiner le cas d’une pandémie sous diverses perspectives et pour envisager des stratégies pour le maîtriser. Quelque 100 participants se sont réunis au Stade de Suisse à Berne pour discuter les conséquences et les défis des pandémies dans le cadre d’un dialogue interdisciplinaire.
La journée s’est ouverte sur la question de savoir dans quelle mesure le danger de pandémie est actuellement bien réel en Suisse. Le professeur Beda M. Stadler, de l’Institut d’immunologie de l’hôpital de l’Ile à Berne, a déclaré que les pandémies n’ont pas toutes des conséquences graves. En plus de la grippe souvent évoquée, il y a d’autres maladies telles que l’hépatite B dont la propagation doit être suivie d’un œil critique. Le professeur Christoph Mörgeli, conservateur du Musée d’histoire de la médecine de l’Université de Zurich, a montré de façon saisissante les conséquences que la « Grippe espagnole » 1918/1919 a eues en Suisse. Le professeur Mörgeli rappela les circonstances particulières de l’époque qui ont provoqué une propagation fulgurante de la grippe et un taux de mortalité très élevé.
Les préparatifs en prévision d’une pandémie sont déterminants. Les intervenants de haut niveau venus des milieux scientifiques, médicaux, économiques et de l’administration fédérale ont souligné combien il est important d’observer l’évolution des pandémies au niveau mondial afin d’être à même de prendre les mesures nécessaires au moment voulu. Dans ce contexte, le « Plan suisse de pandémie influenza 2006 » de l’Office fédéral de la santé publique a obtenu beaucoup d’attention.
Les incidences qu’une pandémie peut avoir sur l’économie sont considérables. Afin de relever ce défi, le Secrétariat d’Etat à l’économie (seco) a chargé un Groupe de travail pandémie d’élaborer une stratégie et de mettre des mesures en application. Au niveau des entreprises, ces dispositions ont été complétées par des plans en cas de pandémie et des stratégies individuelles.
Pour les assureurs privés, une pandémie constitue un risque aux multiples conséquences : selon Joachim Oechslin, Deputy Chief Risk Officer, Groupe AXA, « la pandémie est l’un des scénarios chocs les plus complexes et les plus riches en corrélations dans le secteur de l’assurance ». A part la question du Business Continuity Management des diverses compagnies, une pandémie touche un grand nombre de produits d’assurance et a des effets sur les marchés financiers. Pour cette raison, les pandémies font partie intégrante du Test Suisse de Solvabilité, lequel doit garantir que les assureurs restent toujours solvables, même en cas de survenance d’événements exceptionnels.