Santé - Victoire pour Didier Burkhalter, mais la partie n’est pas gagnée
Pour Didier Burkhalter comme pour le système de santé, un pas vient d'être franchi. Le
Conseil national s'est accordé, mercredi, sur une révision bloquée depuis de longues
années: le développement des réseaux de soins intégrés, regroupant plusieurs
fournisseurs de prestations et traitant le cas de chaque patient de A à Z.
Selon le projet, adopté par 101 voix contre 43 avec 24 abstentions, le modèle du libre
choix du médecin ne devrait plus, dès 2012 au plus tôt, constituer la norme. «C’est un
changement de paradigme, a expliqué la PDC fribourgeoise Thérèse Meyer. Les
patients doivent accepter le pilotage de leur traitement.» Aujourd’hui déjà, un tiers des
assurés sont affiliés à l’un des 88 réseaux existants, a renchéri le libéral-radical
Claude Ruey (VD). Par conséquent, a résumé Didier Burkhalter, il s’agit de «soutenir le
développement» de structures existantes.
La partie n’a pas été de tout repos pour le ministre radical. Si tout le monde s’accorde
sur la nécessité de développer les réseaux, aucune formule n’avait jusqu’ici remporté
de majorité. Ce d’autant que ce projet, déjà menacé de référendum par la gauche,
impose des contraintes aussi bien aux assurés qu’aux médecins et aux patients.
Libre choix plus cher
Concrètement, les caisses maladie seront tenues, malgré l’opposition du PLR et d’une
partie de l’UDC, de proposer au moins une forme d’assurance liée aux réseaux de
soins. En parallèle, la compensation des risques, qui prévoit la redistribution des coûts
entre les assureurs, sera affinée: outre l’âge et le sexe de l’assuré, elle tiendra compte
du risque de maladie et de la morbidité.
Les caisses ne seront pas les seules à faire des efforts. Ainsi, les prestataires de soins
en réseau seront liés par une coresponsabilité en matière budgétaire. Quant aux
assurés désireux de conserver le libre choix de leur médecin, ils verront, malgré les
protestations de la gauche, leur participation aux coûts passer de 10 à 20%. C’est la
seule solution, a soutenu la droite, pour encourager les patients à s’affilier à des
réseaux des soins. Le Conseil fédéral restera toutefois libre de fixer les montants en
question. Précisons qu’aujourd’hui, pour les adultes, la franchise s’élève à 300 francs
par an et la quote-part maximale à 700 francs.
Reste à savoir quelles seront les chances de cette réforme, qui doit être débattue au
Conseil des Etats. Il n’est pas certain, glissent les observateurs, que la commission de
la santé de la Chambre haute, où siègent plusieurs représentants des assureurs,
accepte de lier les caisses aux réseaux. Autre inconnue: l’issue d’un éventuel
référendum…
Source: Le Temps (Valentine Zubler), 17 juin 2010